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Photo du rédacteurVirginia

En Concert: Alice Cooper.

Dernière mise à jour : 9 oct. 2023

Alice est de la race de ceux qu'on ne fait plus. Celle des vraies étoiles qui se construisent et gravissent les échelons jusqu'au sommet. Que personne ne fabrique mais qu'eux-mêmes façonnent. Alice est non pas tout là-haut avec les autres, il est bien ici-bas mais quand même au sommet.

A une époque où la musique comportait selon lui, trop de gentils rockeurs bien élevés, il fallait un monstre…


" Bienvenue dans mon cauchemar. "


C'est en 1975 que le sang a remplacé les paillettes. Alice Cooper en tant qu'artiste solo venait d'être invoqué et émergea du monde d'en bas habillé d'un serpent scotchant dans leur siège même les plus grands du métier. Rien chez lui ne semblait être net. Ni les cheveux, ni le maquillage ou même l'esprit ! Il se pavanait sur scène dans un simple apparat suintant et sale, dévoilant de temps à autre son corps meurtri d'une grande cicatrice, témoignage de sa première renaissance. Personne n'osait se mesurer à la créature aux 9 vies tellement il était glaçant. Glaçant est aussi son regard d'un bleu mesmérisant qu'il est difficile d'oublier quand on le croise.


Alice Cooper dans les années 70.

Parrain du shock rock sur scène, et beau-père de l'Enfant du Mal, Freddy Krueger ou encore loup-garou et vampire à l'écran, dans les ménages il devient aussi le tourment des parents, le fantasme inexpliqué des jeunes filles et la rébellion des garçons. Il détient dans le creux de sa main le cœur de son audience avec lequel il s'amuse à jouer tel un chat avec une souris, manipulant chacun de ses nouveaux sujets comme le faisait Dracula avec Renfield.


C'est à Halloween que l'on célèbre Alice car il est désormais une figure emblématique du folklore américain et parce qu'il y a 35 ans, le 31 octobre 1986, Cooper est né pour la troisième fois. En effet, ce soir-là, Alice à prit une nouvelle fois possession de Vincent Damon Furnier mais pour la toute première fois, après de nombreuses années de complications liées à sa consommation excessive d'alcool et de drogue, il était sobre sur scène et habité par la crainte de ne plus plaire autant à son public. Bien heureusement, il n'en fût rien et les fidèles étaient toujours au rendez-vous macabre !



"Je détient Halloween. Il m'appartient. " - Alice Cooper.

Sur scène et dans ses chansons, "The Coop" est un meurtrier et pour ses crimes, sa seule issue est la mort ! C'est là que la guillotine entre en scène...Car il est important que le Mal soit puni pour ses actes. Alice perd la tête sous les encouragements de ceux qui l'acclamaient il y a seulement deux heures de cela.


Est-ce la dénonciation de l'hypocrisie des Hommes entre eux ou la conscience que rien ne peut venir à bout du grand Alice Cooper? Ironie du sort, ce sont ses victimes qui donnent la sentence ultime tandis que le public chante à tue-tête "J'aime les morts".

Après quoi, tout devient noir et silencieux. On entendrait presque les mouches voler et les esprits malsains prier !


Soudain, un éclair zèbre la salle ! Zoom sur le Docteur Frankenstein à l'apparence étrangement familière… Il concocte quelque chose. il parle à quelqu'un et cette chose semble avoir faim. La foudre tombe, libérant les 4 cavaliers de l'Apocalypse sur le devant de la scène; les guitaristes Ryan Roxie, Nita Strauss et Tommy Henriksen ainsi que le bassiste Chuck Garric alias Beasto Blanco.


Chuck Garric, Ryan Roxie, Nita Strauss et Tommy Henriksen, Deinze, Belgique. (Photo prise avec un smartphone).

Et c'est après quelques rifs endiablés qu'apparaît celui dont nous attendions impatiemment le retour, Franken Alice !


"Prends en et manges en, ceci est mon cerveau livré pour toi."


Me voici aux côtés du monumental Franken Alice.

Nous voilà donc tous morts. Cap maintenant vers l'Au-delà où nous accueille d'un geste de son chapeau haut de forme, le Maître vêtu de son bel habit blanc étincelant.


J'entre en scène.


C'est à présent à mon tour de monter sur scène. Avec ma petite taille, je me faufile dans la foule dès les premières notes du titre "Under My Wheels" à la manière d'une souris cherchant son chemin dans un labyrinthe mais arrivée devant la barrière me séparant des coulisses, à quelques mètres du fromage, mon chemin croise celui du chat. Ce grand benêt responsable de la sécurité refuse de me laisser passer !


Je suis donc obligée de m'agiter pour attirer l'attention, ce que je réussi à faire quand une dame lui tape sur l'épaule pour lui crier: "Elle est avec nous". Waouh ! La puissance que ces simples mots ont eu sur moi est indescriptible ! Pour une soirée j'étais l'élue !

J'ai alors commencé à fébrilement monter l'escalier de fer, l'esprit embué car amputée d'un morceau de cerveau mais c'est le cœur battant que je le regarde virevolter avec son sabre depuis l'arrière de la scène, l'espionnant comme une petite fille égarée ayant trouvé refuge dans le château de La Bête. Il est magnifique, sûr de lui et envoûtant mais on m'averti d'éviter de m'en approcher car un œil embroché est si vite arrivé !


Je suis ici en compagnie de Kyler Clark pour les dernières instructions avant de faire mon entrée sur scène.

" Quand j'ai rejoins le groupe de Alice Cooper en 2014, il m'a fait la même promesse qu'aux autres membres du groupe: "Tu vas voir le monde, tu seras payée, et tu auras des points de suture ". - Nita Strauss.

Car si il y a des gens qui se font tatouer après un concert, d'autres soignent des blessures avec autant de fierté.


L'école est finie.


On me fait signe que c'est l'heure et je m'exécute à ma modeste tâche qui est de lancer d'énormes ballons remplis de confettis et de billets à l'effigie d'Alice.

C'est la fête ! L'école est finie pour toujours et elle va bientôt se mettre à brûler...Brûlante est aussi la peau du bassiste torse nu que je sers dans mes bras et le moment devient suspendu quand au-dessus de son épaule mon regard accroche celui de Alice. Il montre un sourire narquois et complice. Je fais désormais partie de la famille!


Le bassiste Chuck Garric et moi sur la scène de Forest National en 2019.

La scène qui me paraissait immense se transforme soudain en une plaine de jeu des plus agréable. Je m'émerveille un court instant devant les musiciens chenapans qui ont la totale maîtrise de chacun de leurs instruments si bien qu'ils n'ont aucun besoin d'y poser les yeux, ils se donnent des coups de pied, se poursuivent sur scène, font des grimaces dans le dos d'Alice et éclatent les bulles de savon avec leurs dents sans jamais louper une note. On dirait des enfants dans une cours de récré ne manquant cependant jamais d'être attentif aux ordres du Maître.


La touche féminine, c'est l'Ouragan Nita qui n'a rien à envier à sa prédécesseure, Orianthi. Elle saute très souvent dans les airs balançant sa chevelure blonde. Sa guitare lui permet le plus grand nombre de ses mouvements sans difficultés. Une guitare violette fine comme une feuille à cigarette car sur scène, Nita consume son énergie jusqu'au filtre.


La guitariste Nita Strauss surnomée "L'Ouragan". (Image credit: Katja Ogrin/Redferns)

Derrière ce petit monde, c'est le batteur Glen Sobel qui donne le rythme. En virtuose, ses baguettes tapent les caisses parfois toutes seules après qu'il les aient élancées. Elles tournoient autour des ses mains ainsi que dans les airs comme indépendantes du maestro.



Le batteur Glen Sobel.

La rencontre.


Le show se termine. Je rafraîchis mon maquillage, me peigne les cheveux et je me dirige précipitamment vers la sortie VIP. Un privilège qui implique des sacrifices et des choix de vie mais qui est amplement reconnaissant. C'est la porte d'entrée dans le cercle qui nous fait visiter les coulisses car chez Alice Cooper, cela devient réellement une visite aux airs macabres avec ses chaînes, ses têtes coupées et ses poupées de poupons aux yeux jaunes et aux dents acérées.



Une photo que j'ai prise en coulisses., Deinze, 2017.

Dans la salle, l'attente n'est pas longue et on parvient déjà à entendre au loin le rire caractéristique de Vince qui vient tout juste de quitter son personnage. Ce rire est chaleureux et réconfortant à l'opposé du ricanement grinçant de celui qu'il incarne si bien. Il apparaît derrière la porte sans garde du corps, simplement accompagné de son cher ami et photographe personnel répondant au doux sobriqué de Cereal Kyler. Il arbore toujours sa tignasse noire de jais d'antan entourant un visage encore couvert de traces de maquillage indélébiles. Chevelure d'où sort un nez proéminant mais vite oublié car il faut avouer que ce sourire est à croquer !


Cooper est un ange vêtu de cuir dont chacun des pas fait sonner ses santiags. Il est généreux, joyeux, pipelette, attentionné...Il à rencontré tout le monde; Salvador Dali, Andy Warhol, Freddie Mercury, Elvis Presley et j'en passe. Il est très intelligent et sage mais ne se montre jamais prétentieux ni meilleur que quiconque.


Le rockeur signe des autographes et se prête volontiers au jeu des photos, des poses humoristiques et va même jusqu'à honorer l'un de mes petits caprices.

En effet, je voulais absolument une photo avec lui pour laquelle nous donnions l'illusion d'un couple dansant que je n'avais pas pu réaliser sur l'instant et bien qu'il n'y avait plus que moi de présente dans la salle et qu'Alice était déjà sur le chemin pour remonter dans l'autocar de la tournée, son équipe lui a tout de même fait part de mon souhait et Alice s'est empressé de revenir pour l'honorer ce qui m'a beaucoup surprise !


La découverte.


C'est en 2012 qu'il est entré dans ma vie quand au cinéma, le vampire Barnabas Collins incarné par Johnny Depp l'a invité pour son Happening.



5 ans plus tard, en 2017, j'avais réussi à économiser assez d'argent pour mon premier vrai concert, une place VIP pour le groupe 30 Seconds To Mars. On devait y aller en groupe avec des amies mais je pensais beaucoup à Alice Cooper et je commençais à tomber petit à petit sous son emprise. C'est alors qu'un jour, une publicité est apparue dans le coin de l'écran de mon ordinateur:


"Derniers tickets disponibles pour Alice Cooper en Belgique".


Ma décision était prise et c'est seule, billets en main que j'ai fait mon entrée dans une petite salle de gymnastique de la ville de Deinze où j'y ai fêté Halloween le jour de la Saint-Nicolas !


Mon premier portrait de Alice Cooper. Une photo prise à Deinze en 2017.

Cette photo illustre notre tout premier contact qui fût visuel. Alice venait de faire son entrée sur scène, il n'avait encore rien dit ou chanté et il était vêtu d'une longue cape noire dissimulant son costume. Pendant qu'une horde de journalistes le mitraillaient, j'ai sorti mon appareil photo - un Canon professionnel que je me suis empressée de ranger après car ils ne sont malheureusement pas autorisés - et c'est dans ma direction qu'il a choisi de regarder. Cette photo reste donc très spéciale pour moi.



Cet article est basé sur la collection couplée des souvenirs de deux représentations différentes auxquelles j'ai assisté.

Celle du 5 décembre 2017 à Deinze et celle du 21 septembre 2019 à Bruxelles.

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